En France, plus d’un tiers des 18-35 ans ont été témoins de discriminations liées à l’origine ethnique sur le lieu de travail. Les entreprises tentent d’enrayer ces discriminations qui se manifestent de différentes manières.

« Tu viens d’où ? De Bretagne ?  Non mais, tu viens d’où VRAIMENT ? De Bénodet ! Mais tes parents, ils viennent d’où ? »

Cette question, posée régulièrement aux personnes issues de l’immigration, parfois juste après une rencontre, peut paraître anodine. Elle est pourtant un exemple de racisme, le plus souvent inconscient.  Le questionnement sur leurs origines affecte plus qu’on ne les croit ces personnes. Il leur donnent le sentiment d’être étrangères, insinuent qu’elles n’ont pas leur place ici. Il freine leur intégration dans la société, et notamment dans le monde du travail. 

La loi protège contres les discriminations. Mais, pour lutter contre les « micro agressions » et les idées reçues, les formations qui permettent de déconstruire les préjugés sont des initiatives souvent nécessaires en entreprise.

L’intégration des étrangers et des personnes issues de l’immigration est pourtant un besoin. Outre les motivations éthiques ou les avantages économiques pour les entreprises qui ont un recrutement inclusif, il s’agit d’une nécessité pour les pays afin de faire face aux pénuries de main-d’œuvre. Ainsi, l’Allemagne doit recruter 400 000 immigrants qualifiés par an pour limiter l’impact du vieillissement de sa population. En France, plus d’un travailleur sur dix est immigré.

En Allemagne, le réseau IQ, « Intégration par la Qualification », travaille à l’intégration des étrangers et des personnes issues de l’immigration en Allemagne. Découverte de cette structure publique et de la “willkommenskultur”, la culture de l’accueil

En France comme en Allemagne, différents dispositifs ont été mis en place pour améliorer l’intégration des personnes issues de l’immigration sur le lieu de travail.  En France, l’expérimentation du CV anonyme a permis d’atténuer les biais du recruteur dans le processus d’embauche, mais celui-ci a peu de succès en Allemagne.

Pour lutter contre les discriminations à l’embauche, les entreprises peuvent-elles se passer du CV ? C’est plutôt difficile, mais beaucoup s’appuient sur les compétences douces, les « soft skills » .

En matière de bonne pratique, les entreprises allemandes développent les ERG : les Employee Ressource Groups. Ces communautés regroupent des employés ayant des expériences communes, par exemple des personnes issues de l’immigration turque, leur donnant un espace pour discuter des problèmes rencontrés et de solutions possibles. Il ne faut pas non plus sous-estimer l’impact des role models, qui permettent à l’employé de se projeter et de casser le plafond de verre.

Outre les ERG, la sensibilisation et le mentorat sont des pratiques recommandées. Organiser des rencontres entre des candidats et les entreprises c’est aussi une piste à exploiter.
Inciter les services publics à recruter 10 % de candidats habitants dans les « Quartiers Politique de la Ville », valoriser les parcours de réussite, voilà quelques autres pistes à explorer pour lutter contre les discriminations en entreprise.

Les responsabilités en matière de lutte contre les discriminations n’incombent pas aux seules entreprises. Mais aussi aux politiques publiques, à même de changer les réglementations. 

Aller plus loin 

Le Documentaire La diversité en entreprise, regards croisés franco-allemands réalisé par France Fraternités avec le soutien du Fonds citoyen franco-allemand et la participation de l’Ufuq.de, à découvrir en intégralité ici 

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