Comment parler de racisme et de discrimination sans évoquer l’histoire coloniale, esclavagiste ? Impossible ! Mais comment faire ?
En Europe comme aux USA, une question domine un débat plutôt vif : les statues qui glorifient d’anciens esclavagistes ont-elles toujours leur place dans l’espace public au XXIe siècle ? Pour certains, c’est non. Ils préfèrent effacer les symboles d’un passé honteux. C’est ainsi que l’on déboulonne les statues du général Lee, aux Usa, et du négrier Colson au Royaume-Uni.
Avec son mémorial de l’abolition de l’esclavage, Nantes assume son passé et fait œuvre de mémoire.
Les 2000 plaques de son parcours commémoratif rappellent notamment les 1800 expéditions négrières parties de Nantes.
La France s’engage dans une autre voie, celle de l’histoire et de la mémoire. Des exemples ? Bordeaux et Nantes, les deux plus grands ports négriers français au XVIIIe font œuvre de pédagogie mémorielle. Il s’agit de garder les traces, de contextualiser les faits, de les décortiquer, pour éviter que l’histoire ne s’efface. Pour que l’on se souvienne des 500 000 captifs noirs partis de France vers les colonies d’Amérique. Pour que l’on prenne aussi conscience que l’asservissement des hommes et des femmes prend aujourd’hui d’autres formes dans le monde. Que l’esclavage moderne existe.
En mai 2001, la France reconnait la traite et l’esclavage comme crime contre l’humanité. C’est la loi Taubira
Elle s’ajoute à d’autres lois mémorielles françaises importantes, comme la loi Gayssot de 1990 . Elle réprime tout acte raciste, antisémite ou xénophobe.
Depuis 2006, la France célèbre chaque 10 mai la journée nationale des mémoires de la traite et de l’esclavage et de leurs abolitions.
Le racisme et la discrimination ne se déboulonnent pas aussi facilement que les statues d’anciens esclavagistes. C’est un travail de fond, plus long. Il commence par une confrontation avec l’histoire. Il permet de comprendre ce qui produit le racisme et l’horreur et, en l’expliquant au plus grand nombre, d’éviter que l’histoire se répète. C’est le « devoir de mémoire » à la française