Pourquoi les petits rats sont les plus élégants à Paris ?


Les petits rats ont, partout dans le monde, la réputation d’être sales et repoussants. A Paris, ils virevoltent avec beaucoup d’élégance. Tout du moins quand ils intègrent l’une des écoles de danse les plus réputées de la planète : celle de l’Opéra de Paris.


« Petit rat » est en effet le surnom donné aux jeunes élèves de l’Opéra de Paris. D’où vient-il ? Plusieurs hypothèses se profilent, toutes nées au dix-neuvième siècle. Pour les uns, il viendrait d’un raccourci de l’expression « demoiselle d’opéra » simplifié en « ra ». Pour d’autres, le bruit des pointes des jeunes filles s’entrainant dans les combles faisait penser aux bruits des rongeurs.


Une autre explication fait référence au fait qu’à cette époque, les jeunes danseuses étaient issues de famille très pauvres. Leurs parents les envoyaient étudier dans cette grande Maison pour deux bonnes raisons. L’école y était gratuite et leur participation au spectacle leur permettait de gagner quelques sous. Mal nourries et mal habillées, elles n’avaient souvent qu’un morceau de pain à ronger.

« Le vrai Rat… est une petite fille de sept à quatorze ans, élève de la danse, qui porte des souliers usés par d’autres, des châles déteints, des chapeaux couleur de suie, qui a du pain dans ses poches et demande six sous pour acheter des bonbons. Le rat fait des trous aux décorations pour voir le spectacle, il est censé gagner vingt sous par soirée, mais il ne touche par mois que huit à dix francs et trente coups de pieds de sa mère. » Nestor Roqueplan, journaliste, 1840


Aujourd’hui l’enseignement reste gratuit, conformément au souhait de Louis XIV, à l’origine de la création de l’école. Et, comme hier, les élèves – filles et garçons – rêvent toujours à des carrières d’Étoiles. Mais il y aura, comme hier, peu d’élus. Qui seront-ils ?


Avec une école qui s’engage aujourd’hui à faire du « repérage des talents » dans toute la France, il y a fort à parier que la diversité s’invitera désormais sur la scène du ballet national. Espérons que les nouvelles Étoiles de Paris seront bientôt à même de refléter les visages et les couleurs de ceux et celles qui font la France. Ce n’est qu’à cette condition que les danseurs et les danseuses pourront vraiment représenter l’élégance à Paris !

Aller plus loin

  • Le peintre Edgar Degas a consacré près d’un milliers de toiles et de dessins aux danseuses de l’Opéra. C’est, dans la seconde moitié du XIXe, un haut lieux de la danse. Mais c’est aussi un « endroit où les abonnés viennent faire, en quelque sorte, leur marché érotique« … En savoir plus sur les jeunes ballerines et leur sordide destin lié à la prostitution.
  • « Paris possède trois choses que toutes les capitales lui envient : le gamin, la grisette et le rat. » Le Rat, Théophile Gautier.
  • Fondé par Louis XIV en 1713, le « Conservatoire de danse » est l’ancêtre de l’école de l’Opéra de Paris. Les petits rats ne s’entrainent plus aujourd’hui au Palais Garnier, mais à Nanterre dans le bâtiment conçu par le célèbre architecte Christian de Portzamparc . Comment intégrer l’école ? Tout savoir ici

La vidéo

Découvrir les secrets des pointes du Ballet de l’Opéra de Paris. From the Ballet School to the Opera Ballet, how many pairs of pointe shoes does a dancer use on average, how does she handle it ?

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