Pourquoi fromage et religion ça marche ensemble, en France ?
Connaissez-vous les fromages appelés « Chaussée aux Moines », « Pont l’Évêque », « Saint Nectaire », « Saint Marcellin » … ? Pas tous ? Rien d’anormal ! La France produit plus de 1 000 variétés de fromages chaque année, impossible de les connaitre tous.
Tous ne portent pas des noms de saints ou de religieux , mais les moines ont joué un grand rôle dans la fabrication et la diffusion des fromages. Ils ont influencé l’ensemble de la gastronomie française.
Est-ce parce qu’ils aimaient faire bonne chère ? Pas sûr, même si les moines sont à l’origine de différentes créations goûteuses. Des produits comme la bière (la Leffe, Grimbergen, Affligem…), le vin (le Champagne avec Dom Pérignon…) ou la liqueur (la Chartreuse) en témoignent.
Ces religieux, qui faisaient vœux de pauvreté, n’avaient aucune raison de céder au péché de gourmandise pour développer leur production. La question du fromage, du vin ou de la bière relevait davantage du domaine pratique que gastronomique.
L’image d’un moine bien en chair, cédant à la gourmandise, se révèle très vendeuse dans les publicités. Si les moines ne résistent pas au péché de gourmandise, comment les consommateurs le pourraient-ils ?
Nourrissant et bon marché, le fromage était considéré au moyen âge comme la « viande des pauvres », celle des paysans et… des moines. La majorité des règles monastiques interdisaient en effet à ces religieux de consommer de la viande. Et, comme les moines recevaient la dîme (l’impôt dû à l’Église) en nature, surtout en lait, ils le transformaient en fromage pour le conserver. Les abbayes ont alors développé différentes méthodes de fabrication.
Quant à l’alcool, il était souvent préconisé car l’eau, souvent non potable, pouvait rendre malade. C’est ainsi que la bière, boisson « saine » et peu chère à fabriquer, devint la spécialité de certaines abbayes.
Le vin est considéré comme une boisson sacrée. Il symbolise, dans la célébration des rites chrétiens, le sang du Christ. C’est donc pourquoi les moines ont pris grand soin des vignes, et du vin pour servir la messe.
Avec la montée en puissance de l’imprimerie et la possibilité de reproduire à moindre cout les textes sacrés sans les moines copistes, les revenus des abbayes ont chuté. Certaines se sont reconverties dans le développement et la commercialisation de leur production.
La diffusion des fromages, des bières et du vin s’est alors largement développée sur l’ensemble du territoire au fil des ans. Pour notre plaisir à tous. Plus besoin d’être un pèlerin en route vers Compostelle pour profiter de la bonne chère et succomber au péché de gourmandise !
Aller plus loin
- « Un pays qui produit 365 sortes de fromages est ingouvernable ! » Dans cette célèbre citation , attribuée au Général de Gaulle, le nombre varie. Il est parfois de 227, 258 ou 324. Avec 365 fromages, il devient facile d’en changer chaque jour ! Retrouvez ici la liste – par ordre alphabétique- des fromages de France. Ici une affiche des fromages par régions
- La consommation moyenne annuelle des français est de 26Kg de fromages par habitant. 95% en mangent au moins une fois par semaine. C’est 7% du budget alimentaire moyen. Pourtant nous sommes peu nombreux à célébrer le 27 Mars : la journée Nationale du Fromage !
- Entre les différents types de lait (chèvre, vache, brebis), différents types de textures ( crémeux ou sec ), difficile de composer un plateau de fromages pour un repas « à la française ». Quelques conseils ici
- En savoir plus avec Ensemble en France sur la baguette de pain, la pomme de terre, ou la gastronomie…